Reprendre des terres pour laisser la place aux dynamiques spontanées du vivant : voilà qui peut paraître séduisant. Pourtant, la volonté de conserver une nature intacte plonge ses racines… dans la colonisation et le développement capitaliste et industriel lui-même ! Les chercheurs Büscher et Fletcher proposent des outils pour une authentique révolution de la conservation, qui aurait pour horizon une convivialité politique et post-capitaliste entre vivants.

Bram Büscher est politologue et Rob Fletcher anthropologue de l’environnement (Université de Wageningen, Pays-Bas). Ils se sont tous deux intéressés à la conservation de la nature et à l’éco-tourisme dans leurs dimensions économiques et écologiques, dans le cadre de ce que l’on appelle la political ecology.

Cet entretien revient en détail sur les principales thèses de leur livre publié en 2019, dont la traduction est à paraitre prochainement aux éditions Actes Sud : Le vivant et la révolution. Réinventer la conservation de la nature après le capitalisme (traduit de l’anglais par Antoine Chopot).

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Est-ce que quelqu’un a un TL;DR?

Je dirai que l’article en est déjà un :)

Pas du tout un tl;dr mais peut être que en pensant par Descola l’idée et sa réfutation de l’opposition entre “nature” et la “culture” et même de l’existence d’une “Nature” ça peut rendre peut être le propos plus digeste?

Anthropologie de la nature, leçon inaugurale de Philippe Descola

Philippe Descola, Par-delà nature et culture

Rapidement, j’assaierai de développer plus plus tard mais je te promets rien, et désolé d’avance pour les fautes, pas le temps de me relire tout de suite.

En très très gros, la vision d’une conservation d’espaces naturels dans lesquels on interdirait l’accès aux humains est l’héritage d’une vision influencé par le puritanisme des colons américains, les premiers du genre sont nés aux USA et ont essaimés sur leur modèle. Avec une idée de sanctuarisation de l’œuvre de Dieu, qu’il faut protéger des activités humaines sans pour autant remettre en question ces activités. Cette manière de découper l’espaces a été faite par les conquérants et gagnant de la conquête de l’ouest au détriments des populations locales originaires des ces espaces. Pendant la période de colonisation et d’établissement des EUA, il y a eu d’importants déplacements forcés de des populations précolombiennes et l’instauration de ces parcs excluant l’implantation habitations/activités humaines s’est fait sur des territoires au auparavant occupé de diverses manières par ces populations.

Pour être un peu plus eurocentrée et concentré sur notre présent, la pensée autour d’espaces à protéger/conserver entretient/ flirtent avec un biais qui oppose nos modes de vie (en le confondant avec nous mêmes) et la “Nature” et nous place aujourd’hui comme “nuisibles/destructeurs” ou dans des temps reculés comme victimes en lutte perpétuelle pour leur survie.

Ce biais est un frein, quand il est pas tout simplement un outil pour l’en empêcher, à le remise en cause de notre mode d’organisation politique et socio-économique où, la destruction du milieu de vie est inévitable et las eule manière de gérer cette destruction et d’attribuer à la “Nature et ses services” une valeur économie en tant que facteur d’équilibre à l’écosystème dans lequel il est implanté.

Pour grossir le trait et je fais un exemple “archétypal”: En déployant cette vision des choses l’aboutissement dans l’organisation de la société et de l’espace, c’est une division fonctionnelle, avec zone urbaine dense d’habitation et activité éco, zone production agricole et zone de “Nature” à conserver pour son rôle et ses “services” économiques. Déjà l’idée qu’une concentration urbaine dans de grandes métropoles auraient des conséquences positives d’un point de vue écologiques est loin de reposer sur des évidences “scientifiques” et il y est tout à fait envisageable (et préférable selon moi) d’avoir des modes d’organisation productif et sociaux qui s’intègrent et produisent notre milieu de vie de fçons écologiquement vertueuses/équilibrées avec nos besoins. Une division de l’espace avec ces catégories favorisent également les rêves mouillés de nos dirigeants qui ne cachent plus leur désir d’autoritarisme : des métropoles densément peupler ça rend le contrôle et la répression socials plus faciles en plus de créer un rapport de dépendance et domination des populations qui sont éloignés de la production et distribution des ressources nécessaire à leur alimentation (un peu similaire à la dépendance des colonies rapport au relation avec les capitales centrales dans leur développement économiques).

Un outil qui peut être utilisé pour renforcer le discours qu’il n’y pas d’alternatives (et donc organiser l’espace en conséquence) et qui fait semblant d’ignorer l’existence de contre projet.

Mais transposer ça dans les “ped” et ancienne colonie en plus de s’ajouter au TINA, ça poursuit l’imposition de mode pensée occidentale depuis le début des colonisations qui ont eu des prétextes civilisationnelles et religieux pendant la période de Empires coloniaux ou qui à changer de forme après la seconde guerre mondiale et la guerre froide avec l’imposition et le triumph d’une certaine idée du progrès et du développement qui est celui du capitalisme des EUA libérale, la justification et la forme de domination étaient différentes de celles des empires coloniaux des siècles passées mais la logique derrière inchangée : la supériorité du modèle occidentale (aka la capitalisme) qui serait le sens de l’histoire (avec donc la notion de retard associé au sous développement) inévitable et naturel (encore une fois le fameux TINA, ou le pas d’alternative macroniste qui nous renvoi aux amishs si on pense qu’il puissent en exister)

Cette vision téléologique du développement (et néo coloniale) a conquis l’ensemble du gloire et à imposer le système productif capitaliste et considère que le sens de l’histoire en est l’adoption par toute l’humanité, même les peuples et tribus qui vivent différemment avec un rapport à leur enivrement non destructeur. Avec cette certaine vision capitaliste de la conservation de ‘la Nature’ ça place ces populations comme arriérée/ en retard (alors que jusqu’à preuves du contraire on ne vit pas des dimensions temporelles séparées), nie leur modes vie comme acceptables ou du mois égale à l’autre, impose l’idée qu’ils doivent y renoncer et donc nie également leur légitimité à décider du sort des espaces dans lesquels ils vivent. Ce qui fait qu’on se retrouve avec des situations ont les modes de vie nomades/semi nomades se retrouvent en concurrence avec l’occupation des terres capitalistes et de son droit de propriété et en reproduction de phénomènes semblables à l’institution des premiers parc naturels et du rapports à ces espaces entre pouvoirs coloniaux et populations antérieures…

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Un grand merci pour cette explication :)

Le point de vue grande ville et autoritarisme est intéressant, mais il y avait aussi l’aspect de réduire la consommation d’énergie pour se chauffer en se regroupant.

Concernant le mode de vie nomade, comment ça s’articulerai dans une société en déclin? J’imagine qu’il faut emmener des provisions avec soi, si on ne peut pas compter sur des productions locales sur le chemin, ou bien s’approvisionner dans les villes.

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Le point de vue grande ville et autoritarisme est intéressant, mais il y avait aussi l’aspect de réduire la consommation d’énergie pour se chauffer en se regroupant.

L’aspect énergétique n’est qu’une partie du problème (je préfère par exemple avoir droits mais manger à faim une bouffe à peu près saine sans avoir à me soumettre à une autorité que je considère illégitime par exemple), la question du chauffage en particulier renvoi également à la définition de nos besoin qui aussi une construction sociale, d’autant que des habitations collectives et groupés on a pas besoin de grande zone urbaine pour en avoir, c’est exactement comment qu’était fait nos village avant : toutes les habitations concentrer dans les villages et les terres/champs/pâturages tout atour, ce n’est pas un éparpillement de pavillon avec son lopin de terre attachés. Mais la remarque c’était d’avantage que ce modèle de concentration de population présenté comme le plus écologiques et défendus par des forces politiques et économiques (notamment en France avec notre gouvernement actuel et sa majorité) qui ont plus que prouvé qu’ils en ont rien à faire de problématique de justice sociale liées aux questions environnementales et climatiques et qui sont aussi ceux qui nous mettent en place une société de surveillance qu’on croyait il y pas si longtemps réservé à la SF où à la Chine…

Contre la Technopolice, passons à l’offensive !

Lu / Les métropoles barbares, Guillaume Faburel

Concernant le mode de vie nomade, comment ça s’ articulerait dans une société en déclin? J’imagine qu’il faut emmener des provisions avec soi, si on ne peut pas compter sur des productions locales sur le chemin, ou bien s’approvisionner dans les villes.

L’idée ce n’était pas dire qu’ici on Europe on pourrait retourner vers des formes de nomadisme, c’est clairement impossible. On peut en revanche envisager une société plus mobile si elle redevient centrée sur la production agricole par contre. C’était plutôt qu’il existe encore des populations nomades ou semi nomades et ce modèle de développement, son rapport à la “Nature” et sa conservation s’oppose à leurs mode vie et les contraints à les abandonner par concurrence d’occupation du sol voire par la force, de même pour les populations qui vivent en forets équatoriales où sur de grands espaces convoités pour leurs ressources ou leur “valeurs économiques” de conservation, et pratiquant pas ou partiellement d’agriculture. Une des justifications pour l’accaparement des terres lors des différentes phases de colonisations aux Amériques et en Afrique c’est que les population locales ne “valorisaient” pas la terre en l’exploitant et donc qu’on ne pouvaient pas considérer qu’elle leur apparentait puisque la relation à la “Nature” qui la valorise et exploite en termes économiques est la plus évoluée et légitime…

Est-ce c’est redondant ou ça apporte des précisions ?

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ouais merci bcp :)

il me semble que Jancovici faisait plutôt la promotion de vivre plus nombreux dans un même logement (donc ça ressemblerait aux familles d’après guerre), mais je ne sais pas s’il pensait aux villes par exemple, qui effectivement ressemblent plutôt à un cauchemar, même avec des boucles courtes d’approvisionnements. Paris va devenir un piège.

Pablo Servigne parle plutôt de vivre en petite communauté, des proches, pour vivre de manière autonome et indépendante. Mais tout ça implique de vivre en harmonie sans perturbation extérieure. On pourrait effectivement se faire expulser ou bien finir en esclave si on n’est pas préparé. il y a une carte qui circulait sur reddit sur la concentration de la population française dans les grandes villes, on va certainement revenir à une répartition sur le territoire. ça dépendra aussi de l’accès à l’eau.

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