Extrait

Un rapport mensuel au temps

À l’origine, pour la grande majorité des peuples autochtones, l’astre qui rythme principalement le temps était la Lune, pas le Soleil, rappelle Raymond Hilding Neilson, physicien et membre d’une communauté Mi’kmaq dans le nord-est du Canada. « Chez les Mi’kmaq, chaque course de la Lune a une signification et un objectif différents. Il y a une lune pour la cueillette des baies, une lune pour la chasse, une lune qui vous dit quand la glace va se briser… », développe le chercheur. En cette fin d’année, la lune est celle des aînés : un moment de contes et de célébration.

Le cas des Mi’kmaq est loin d’être isolé. La Lune est un astre central chez les peuples autochtones du Canada. Wilfred Buck, chercheur et gardien du savoir de la Nation crie d’Opaskwayak, située dans le centre du Canada, explique ainsi sur le site de l’Agence spatiale canadienne : « Certains peuples indigènes suivaient un calendrier lunaire représenté sur le dos d’une carapace de tortue. La carapace d’une tortue comporte 28 petites cannelures extérieures, qui représentent le nombre de jours entre deux pleines lunes, et 13 grandes cannelures centrales, qui représentent les 13 cycles lunaires ».

Plusieurs « Nouvel An »

Bien entendu, les peuples autochtones du Canada n’ont pas ignoré le Soleil. Ils avaient depuis des générations connaissance des solstices, ces moments astronomiques où le jour est le plus long, en été, et le plus court, en hiver. Leurs ancêtres connaissaient également le principe des équinoxes, lorsque le jour dure autant de temps que la nuit, au printemps et à l’automne.

Techniquement, une grande partie des peuples autochtone canadiens, ont ainsi de nombreux « Nouvel An », ces moments où l’on célèbre un événement astronomique, remarque malicieusement Raymond Hilding Neilson. Il y aura le Nouvel An imposé, mais aussi les solstices et les équinoxes. « Pour les équinoxes, un certain nombre de groupes et de peuples organisent une cérémonie du lever du soleil pour accueillir le soleil ces jour-là. Certains organisent un festin avec leur famille, c’est très communautaire. Mais cela varie beaucoup selon les peuples et les individus », résume le chercheur.

La connaissance de l’astronomie des peuples autochtones du Canada va bien plus loin que les équinoxes et les solstices. Ils ont leurs propres constellations, avec leurs propres histoires. Certaines se recoupent même avec des désignations européennes, comme l’histoire Mi’kmaq de « Muin », qui veut dire « Ours », située… dans la constellation de la Grande Ourse. La Voie lactée, pour les Mi’kmaq, est une sorte de route spirituelle où les gens vont lorsqu’ils meurent.

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